Perturbateurs endocriniens : le dernier avertissement du Parlement européen à la Commission


Le 16 décembre 2015, la Cour de Justice de l’UE a condamné la Commission européenne pour ne pas avoir mis en place un cadre pour réglementer les perturbateurs endocriniens. L’action de l’exécutif européen pour encadrer ces substances qui dérèglent notre système hormonal se fait encore attendre d’où la résolution du Parlement européen ce mercredi 8 juin pour rappeler ses devoirs à la Commission.

Réaction de Michèle Rivasi, députée européenne écologiste :

« La plaisanterie a maintenant assez duré. Les perturbateurs endocriniens sont partout. Du bisphénol A dans les plastiques aux pesticides dans nos champs mais la Commission européenne traine toujours des pieds pour mieux les encadrer. Monsieur Juncker et son équipe ont promis de mettre une proposition sur la table cet été mais seulement après avoir achevé l’étude d’impact socio-économique sur les effets d’une telle législation. Cette attitude est scandaleuse. La Cour de Justice a estimé en décembre 2015 que cette étude d’impact était inutile mais la Commission s’obstine. Les perturbateurs endocriniens concernent avant tout notre santé et notre environnement plus que les intérêts de quelques multinationales.
Les États comme la Suède et la France ont déjà fait savoir qu’ils poursuivraient la Commission si celle-ci incluait le critère de « puissance » dans la définition des perturbateurs endocriniens. Ils auraient tout le soutien des écologistes au Parlement européen car un tel critère serait un non-sens scientifique. En effet, lorsqu’on parle de perturbateur endocrinien ce n’est pas la dose qui fait le poison. Prenons le cas du Bisphénol A : des doses intermédiaires peuvent avoir un impact sur le système hormonal plus important que des fortes doses. La courbe dose-effet du bisphénol A n’est pas linéaire et la science nous l’a appris dès 1989 avec les études du professeur Sonnenschein. Le danger ne repose pas dans la quantité ingérée mais dans le moment auquel on est exposé. Un fœtus est par exemple beaucoup plus vulnérable qu’un homme de 50 ans.
Nous avons aussi clairement demandé à la Commission européenne de définir les critères scientifiques basés sur l’analyse du danger[1] des perturbateurs endocriniens et non sur le risque. Des critères basés sur le risque créeraient une définition trop floue qui profiterait à l’industrie.
La Commission européenne ne peut rester sourde à ce que nous a apporté la science sur le sujet. »
[facebook_ilike] [1] L’analyse du danger se concentre sur le caractère intrinsèquement nocif ou non d’une substance active, quand l’analyse du risque étudie la probabilité de subir des conséquences sur sa santé en cas d’exposition à un danger.

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Par Michèle Rivasi

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