Pénalisation des génocides: aucun massacre de population civile ne doit être un détail de l’histoire

Aujourd’hui les députés ont voté pour la pénalisation de la négation des génocides reconnus à ce jour. Ce vote polémique a fait l’objet de menaces de la part des autorités turques puisque la France reconnaît le génocide arménien depuis 2001, alors que la Turquie estime que les Arméniens n’ont pas été victimes d’une campagne d’extermination en 1915.

Pour Michèle RIVASI, députée européenne EELV engagée dans la reconnaissance du génocide arménien: « Le vote d’aujourd’hui est un soulagement pour la communauté arménienne, puisque cette loi réprouvera pénalement toute personne qui nierait les faits passés en 1915. Néanmoins l’attitude de la droite est à déplorer dans le cas présent, puisque celle-ci bloquait un projet de texte (socialiste) similaire au Sénat depuis son adoption en octobre 2006 à l’Assemblée nationale. Les visées électoralistes d’un tel revirement sont déplorables pour l’image que le monde a des droits de l’Homme et de la liberté d’expression en France. C’est d’autant plus regrettable que cette loi n’est finalement qu’une transposition de directive européenne déjà appliquée dans 12 Etats membres et ne doit en aucun cas être considéré comme une victoire politique par un quelconque parti. »

Michèle RIVASI s’inquiète par ailleurs de l’irrationalité des autorités turques mais aussi françaises : « Les autorités turques appellent la France à ne pas voter cette loi, puisqu’elle restreindrait prétendument la liberté d’expression et empêcherait les historiens et les intellectuels de faire leur travail. Cette accusation grave ne saurait être prise au sérieux de la part d’autorités qui répriment férocement la liberté d’expression et d’information dans leur pays: actuellement 91 journalistes sont en prison en Turquie, dans l’attente d’un jugement pour activités terroristes. Un photographe de l’AFP fait même partie des journalistes emprisonnés pour leurs prétendues activités de soutien aux séparatistes kurdes. De l’autre côté, la France devrait aussi balayer devant sa porte et reconnaître enfin les massacres de civil perpétrés par les autorités françaises à Sétif en 1945, à Madagascar en 1947, etc. Aucun massacre de population civile ne doit devenir un détail de l’histoire. »

Et Michèle RIVASI de conclure: « Une chose est sûre, cet épisode n’aidera en rien la normalisation rampante des relations entre la Turquie et l’Arménie. Il eût été préférable que la Turquie fasse preuve de volontarisme en accédant à la demande d’ouverture de ses archives, dans le cadre d’un débat sous l’égide de l’ONU. »

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1 commentaire
  • L’argument selon lequel ces textes affirmant par la loi une vérité historique officielle (sur l’Arménie, mais aussi la Shoah…) « restreindrait (…) la liberté d’expression et empêcherait les historiens et les intellectuels de faire leur travail » ne vous semble pas recevable dans la bouche du gouvernement turc. Soit. Mais quand il est défendu par d’éminents historiens français, mérite-t-il alors d’être examiné avec sérieux?

    Je suis très étonné de la part d’une scientifique citoyenne telle que vous de vous voir défendre dans le domaine de l’histoire une position que, je n’en doute pas, vous trouveriez scandaleuse concernant toute autre discipline scientifique.

    L’assemblée va-t-elle, de la même manière, décréter à l’avenir des vérités officielles dans le domaine de la recherche en physique ou en biologie et criminaliser ceux qui les nieront?

    Vous vous souvenez d’un certain Galilée?

Par Michèle Rivasi

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