Opération « Mains propres sur la santé »: journée d’action contre le racket des laboratoires pharmaceutiques le 2 juillet à Paris

JEUDI 2 JUILLET 2015 à Paris, au Carreau du temple 18h30 – 21h contre-forum

Dans le cadre de l’OPERATION MAINS PROPRES SUR LA SANTE organisée par :
– ANTICOR (association nationale de lutte contre la corruption
– FORMINDEP (association regroupant des professionnels de santé, des patients et des citoyens soucieux de favoriser une formation professionnelle et une information indépendantes auprès du public)
– Groupe Verts / ALE au Parlement européen et Michèle RIVASI (députée européenne)

Le 2 juillet le LEEM (lobby des entreprises pharmaceutiques) investit le Carreau du Temple pour son Université d’été baptisée Pharmacités placée sous le haut-patronage du Président de la République.

Face à cette supercherie, nous avons décidé d’organiser une journée d’action pour montrer qu’une autre politique du médicament est possible et que la démission du politique face au lobby pharmaceutique met en péril notre système de solidarité et d’accès aux soins pour tous à l’heure où fleurissent les scandales sanitaires et les affaires de conflits d’intérêts et de corruption. Il est urgent de retrouver une maîtrise publique dans la politique du médicament et de remettre les firmes de la Big-Pharma à leur place.

Le but de ce lobby pour asseoir définitivement son influence et sa « capture scientifique et réglementaire » en usurpant le pouvoir démocratique est de provoquer le désintérêt des citoyens. Aussi, tel un « Dracula économique » ne pouvant vivre à la lumière, il se développe dans l’ombre, dans l’opacité.

Le culte du secret, les barrières scientifiques et techniques érigées par le petit microcosme médico-pharmaceutique est là pour créer ce sentiment d’impuissance et cet entre-soi antidémocratique.

L’objectif premier de notre mobilisation est donc, en faisant la lumière sur une politique du médicament en perdition de toute maîtrise publique, de lancer une riposte citoyenne pour une réappropriation de notre politique de santé et plus généralement de nos Biens Communs.

POUR EN FINIR AVEC LA PHARMADELINQUANCE

Notre santé n’est pas à vendre !

En présence de
– Philippe EVEN (ancien doyen de la faculté de médecine de Paris et président de l’Institut Necker),
– Emma COSSE (secrétaire nationale d’EELV, ancienne présidente d’Act-Up)
– Marie-Odile BERTELLA-GEFFREOY (ex magistrate, responsable du Pôle santé)
– Edgar MORIN (sociologue -sous réserve)
– Séverine TESSIER (Présidente d’ANTICOR)
– Armel SEVESTRE (Médecin, trésorier du FORMINDEP)
– Olivier MAGUET (responsable de MEDECINS DU MONDE)
– Michèle RIVASI (députée européenne EELV)
– Serge RADER (pharmacien, lanceur d’alerte)
– Didier LAMBERT (président de l’association E3M)
– Philippe DE CHAZOURNES (médecin, président de Med Ocean)
– Thierry BODIN (responsable CGT Sanofi) ;
– Michaël Hajdenberg (journaliste à Mediapart, auteur de plusieurs enquêtes sur la santé et les autorités sanitaires) ;
– Romain Icard (réalisateur du film « Médicaments sous influence ») ;
– François PESTY (auteur de l’étude pour le Formindep sur le Sovaldi)

« L’industrie pharmaceutique c’est King Kong. Rien ne peut l’arrêter ».

Il est vrai que le secteur pharmaceutique est de très loin la première industrie mondiale en terme de bénéfices exprimés en pourcentage du chiffre d’affaires avec une moyenne de 20% et que ce monstre possède un atout considérable par rapport aux autres secteurs marchands : celui de jouer sur la peur et de jouer à faire peur en étant maître de notre santé.

Le médicament est aujourd’hui sur la sellette avec la multiplication des scandales ayant causé des milliers de morts ces dernières années : le Médiator (plus de 1300 morts), le Vioxx (au moins 35 000 morts), les statines pouvant provoquer de lourdes pathologies (myopathies, cataractes, insuffisance rénale…), l’antidiabétique Actos (pouvant provoquer cancers de la vessie et hépatites), les pilules contraceptives, les antitabacs Champix et Zyban… Ces médicaments toxiques doivent être complétés par la liste des médicaments inutiles concoctée par Bernard Debré et Philippe Even. Ceux-ci estiment que le marché du médicament est un grand 4/4 composé de 25% de médicaments indispensables, de 25% de médicaments parfois utiles, de 25% de médicaments seulement occasionnellement utiles et enfin de 25% de médicaments totalement inefficaces et parfois dangereux.

Chaque année en Europe on estime à 200 000 le nombre de morts liés à des accidents médicamenteux. En France, le chiffre officiel est de 20 000 morts par an identifiés auxquels il convient sûrement d’en rajouter 10 000 non recensés du fait des carences de notre système de pharmacovigilance. Cela représente plus de victimes que les victimes des accidents de la route.

A cela s’ajoutent les scandaleux profits des « majors » pharmaceutiques qui n’ont rien à envier aux grands groupes pétroliers.

Le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer a vu son bénéfice net bondir de 51% à 22 milliards de dollars en 2013. Le bénéfice net des activités de Sanofi pour 2013 se situe à 6,69 milliards d’euros (plus de 9 milliards en 2011). Les taux de profit des principaux groupes pharmaceutiques mondiaux dépassaient en 2009 fréquemment les 30 % : 35 % pour AstraZeneca, 38 % pour Bayer, 36 % pour Roche et 41 % pour Sanofi selon la Mutuelle générale des Cheminots dans son étude sur l’industrie pharmaceutique.

Or, beaucoup de médicaments sont remboursés à 65 % par la Sécurité sociale qui de ce fait garantit le chiffre d’affaires des industriels de la pharmacie et les profits de ses rentiers. L’Etat organise ainsi un détournement massif de l’argent public vers les poches des actionnaires de Sanofi and co.

La cause principale de la dérive financiariste du secteur pharmaceutique avec son cortège de fusion, absorption et autre rachat de start-up tient à la panne sèche d’innovation réelle dans ce microcosme qui se porte si bien financièrement. Dans un rapport paru en 2012, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait que sur les 700 nouveaux médicaments mis en vente par les « majors » pharmaceutiques sur la décennie 2001-2011, seuls 4% présentent un intérêt essentiel. Edifiant. La Professeure de médecine Marcia Engel (ex rédactrice en chef de la revue New England Journal of Medecine) décrit d’ailleurs le secteur pharmaceutique comme un immense supermarché ne vendant que des médicaments copies (les fameux « me-too », « moi aussi je veux ma part de marché »).

La politique du médicament est en grande partie responsable du déficit structurel de la Sécurité sociale avec des dépenses qui culminent à 34 milliards d’euros. Les baisses de prix annoncées sont dérisoires et les déremboursements sont contrebalancés par l’introduction de nouveaux faux médicaments chers et inutiles dont la plupart sont en ASMR 5 (sans aucune plus-value thérapeutique).

L’Italie offre les mêmes garanties sanitaires pour une dépense en matière de médicaments n’atteignant que 18 milliards d’euros. L’opération mains propres initiée dans les années 90 a permis d’assainir la situation dans le domaine de la santé.

Les causes de cette inflation du coût du médicament sont connues : opacité des instances de fixation du prix ; sur-prescription médicamenteuse et sous prescription des génériques ; foisonnement de conflits d’intérêts entre l’industrie pharmaceutique, les médecins, les politiques et haut-fonctionnaires. La célèbre formule du docteur Knock de Jules Romains « tout homme bien portant est un malade qui s’ignore » trouve tous son sens aujourd’hui dans les nouvelles stratégies de développement et d’emprise du lobbie pharmaceutique sur notre système de santé.

Il est temps que notre République sapée par la généralisation des conflits d’intérêts et de la corruption se ressaisisse et réponde au lobbying institutionnel des multinationales et à la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques de santé publique.

L’industrie pharmaceutique a permis pendant des décennies des progrès thérapeutiques considérables en transformant des découvertes en recherche fondamentale de centre de recherche publics en produit de santé sûrs et efficaces par des efforts considérables mis en recherche et développement.

Notre journée d’action à côté de la réunion du lobby pharmaceutique est un cri d’alarme nourrit du secret espoir d’un sursaut de l’ensemble des acteurs pour que les laboratoires retrouvent leur juste fonction : celle de guérir et non de nourrir exclusivement et abusivement ses actionnaires en inventant de fausses maladies, de faux malades et de faux remèdes.

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Par Michèle Rivasi

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