Les liens de Cahuzac avec l’industrie pharmaceutique passés au crible (AFP)

L’Expansion.com avec AFP – publié le 03/04/2013 à 17:58

Les enquêteurs vont se pencher l’activité de conseil de Jérôme Cahuzac pour les laboratoires pharmaceutiques. L’avocat de l’ex-ministre a reconnu qu’une partie « accessoire » des sommes versées sur son compte à l’étranger provenait de ce travail.

« Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 et l’essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant », a déclaré mardi à l’AFP l’un de ses avocats, Me Jean Veil.

L’activité de consultant pour l’industrie pharmaceutique de Jérome Cahuzac dans les années 90 va être passée à la loupe par les enquêteurs, son avocat ayant reconnu qu’une partie « accessoire » des sommes versées sur son compte à l’étranger provenait de ce travail.

L’ancien ministre du Budget a avoué mardi avoir détenu un compte bancaire à l’étranger depuis une vingtaine d’années crédité avant sa fermeture de 600 000 euros. Selon le parquet de Genève, saisi par la justice française, le ministère public suisse « a fait le nécessaire pour récolter les preuves documentaires bancaires liées à l’existence d’un compte détenu en Suisse par Jérôme Cahuzac depuis 1992 », soit un an après sa sortie du cabinet du ministère de la Santé de Claude Evin.

« Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 »

La justice suisse a ainsi obtenu des documents auprès des banques UBS et Reyl et Cie qui auraient abrité successivement le compte de l’ancien ministre. « Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 et l’essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant », a déclaré mardi à l’AFP l’un de ses avocats, Me Jean Veil, précisant que l’essentiel des faits visés par l’enquête serait « largement prescrit ».

Ce compte, ouvert en Suisse, a été transféré à Singapour en 2009, a-t-il précisé. Un témoin interrogé dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 8 janvier avait déjà déclaré que « les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires pharmaceutiques », selon le parquet de Paris.

L’ancien ministre du Budget a notamment été mis en examen mardi pour « blanchiment de perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale ». En clair, les juges veulent savoir si M. Cahuzac a voulu masquer l’origine de fonds provenant d’éventuels avantages indus touchés dans le cadre de son activité de consultant.

Le ministre du Budget, Pierre Moscovici, a annoncé que tous les éléments obtenus par l’administration fiscale avaient été transmis à la police judiciaire « y compris l’intégralité du dossier fiscal de Jérome Cahuzac sur vingt ans ».

Cabinet Cahuzac Conseil

M. Cahuzac a été conseiller technique au ministère de la Santé de Claude Evin (1988-91), participant en particulier à la politique du médicament, un ministère qui se montra rigoureux vis-à-vis des laboratoires notamment pour réduire les dépenses de santé.

Après cette activité ministérielle, il a créé son activité de consultant pour l’industrie pharmaceutique par le biais de son cabinet Cahuzac Conseil en 1993. Révélée par Mediapart, l’activité de cette société a atteint 1,9 million de francs en 1993-94, 1,6 million de francs en 1994-95 pour du « conseil en lobbying » et de « l’exploitation de brevets » avant de diminuer pour être ramenée à zéro en 1997, année de l’élection de M. Cahuzac à l’Assemblée nationale.

Cette activité n’a rien d’illégal mais des politiques, comme Michèle Rivasi, députée européenne EELV (Europe-Ecologie Les Verts), demandent des éclaircissements sur les bénéfices politiques tirés par M. Cahuzac de ses relations avec l’industrie pharmaceutique.

Celui qui fut son adversaire politique à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), Michel Gonelle, déclarait en janvier au journal Sud-Ouest qu’« en Lot-et-Garonne, ses relations avec les laboratoires pharmaceutiques ont beaucoup choqué. Nous l’avons dit et écrit lors des municipales de 2001. Nous étions stupéfaits par les largesses dont il bénéficiait ». « Nous en face, on était mal à l’aise. Nous n’avions pas à distribuer des subventions aussi élevées », ajoutait-il.

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Par Michèle Rivasi

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