La Provence – REPORTAGE: Erevan prêt à la fête sous haute sécurité

Article paru dans La Provence (François Tonneau), le 24 Avril 2015.

Les affiches célébrant le centenaire du génocide arménien sont sans ambiguïté. Dans les rues d’Erevan inondées d’une pluie sourde, elles se déclinent en quatre par trois. Progressivement, on y voit apparaître un sabre, un fusil, un couteau, une corde de pendu. Les armes anciennes forment le nombre 1915.

Le ton est donné et se décline sur les kakémonos qui bordent les artères principales dans une lumière faible. On y voit des visuels où un fès (chapeau turc), une paire de moustaches sont associés au nombre de victimes. Sur les trottoirs d’Erevan, des jeunes portent des T-shirts « Génocide raté je suis vivant ».

La capitale arménienne s’apprête à accueillir l’Europe pour commémorer le massacre d’un million et demi d’Arméniens par les Turcs il y a un siècle. Sur la place de la République, lieu de rendez-vous historique du centre-ville, le groupe de rock metal System of a down soulève les coeurs de 50 000 personnes en transe. Leur chanson sur le génocide en ouverture de la soirée a fait exploser une jeunesse transie de froid, mais en extase. Dans les rues, les fleurs éternelles, ces symboles de couleur jaune et pourpre de l’Arménie, ornent les vêtements. La ville se prépare sans effusion en attendant les cérémonies officielles qui auront lieu aujourd’hui en présence du président François Hollande, de chefs d’État européens et du président russe, Vladimir Poutine. Qui, ce matin dans toutes les écoles de Russie, fait donner un cours sur le génocide arménien.

« Une reconnaissance de la mémoire d’un peuple »

Dès hier soir, les premières délégations étrangères se sont succédé dans l’aéroport ultramoderne d’Erevan. Partout des policiers particulièrement tendus scrutent chaque recoin. « Bienvenue, entrez, c’est un immense honneur », distribue aux arrivants Hranousch Hakopian, la ministre de la diaspora arménienne.

Dans un salon où se pressent les autorités religieuses du pays autour du Catholicos, Charles Aznavour discute avec la députée européenne de Valence Michèle Rivasi. Elle a été la première à l’Assemblée nationale en 1999 à prononcer le mot de « génocide ». « Être ici est une nécessité, glisse-t-elle. Une reconnaissance de la mémoire d’un peuple. » Le chanteur, qui arrive de Moscou, évoque, lui, « des journées historiques. Je ne veux pas envoyer de message aux Turcs. Eux-mêmes finiront par comprendre que les tâches de sang sont les plus lourdes à porter. »

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Par Michèle Rivasi

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