Initiative Nuclear Transparency Watch : la société civile se mobilise (Actu-environnement)

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Face au risque nucléaire, la société civile entend peser sur les décisions. Avec l’initiative Nuclear Transparency Watch (NTW), elle s’organise au niveau européen.

Ce jeudi 7 novembre 2013 a été salué comme un jour important par la députée européenne Michèle Rivasi : celui de la création du réseau Nuclear Transparency Watch (NTW) au sein même du Parlement européen. Il fait suite à l’appel « pour une vigilance sur la transparence nucléaire » lancé par des Eurodéputés en décembre 2012 par plus d’une vingtaine de députés européens, et à la démarche européenne ACN initiée par l’Anccli (Association nationale des commissions et comités locaux d’information autour des sites nucléaires français).

Cet « outil » activé par la société civile (élus, ONG) a pour vocation d’encourager la transparence du secteur nucléaire et de favoriser la participation du public en tant que contribution démocratique à la prise de décision dans ce secteur. Sans être une plate-forme anti-nucléaire, il vise à lutter contre la sous-représentation de la société civile dans ce secteur dans l’Union européenne où tous les pays sont signataires de la Convention d’Aarhus et où, en considérant la Suisse, 39 réacteurs se trouvent à moins de 30 km d’une ville de plus de 100.000 habitants.

Constitué en association de loi 1901 présidé par Michèle Rivasi, il rassemble déjà des acteurs d’une dizaine de pays (Allemagne, France, Belgique, Bulgarie, Hongrie, Irlande, Luxembourg, Slovaquie, Slovénie, Suède, Ukraine) et d’autres sont annoncés (Biélorussie, Espagne, Norvège, Pologne).

« Cette Assemblée Générale constitutive vient confirmer les démarches engagées ces dernières années pour rassembler les acteurs de la société civile autour de la sûreté nucléaire, sans préjuger de la position de chacun d’entre nous vis à vis du nucléaire », s’est réjoui Jean-Claude Delalonde, président de l’Anccli et vice-président de NTW. « Il ne suffit pas de s’en remettre aux opérateurs et aux régulateurs pour créer les conditions durables de la sûreté nucléaire ». Garantir la sûreté nucléaire est aux fondements d’NTW, sachant qu’il s’agit d’une compétence nationale et que certains préféreraient parler de « réduire les risques nucléaires ».

La mobilisation a ses raisons…

Cette initiative s’inscrit dans le contexte de catastrophe de Fukushima au Japon (marquée par l’absence de considération immédiate de la société civile), d’engagement vers la sortie du nucléaire de certains pays (perçue par certains comme l’entrée dans une phase de risque liée à la démobilisation du personnel), de gestion du nucléaire dans l’Union européenne régit par le Traité Euratom et non par le Traité de Lisbonne (demande de changement formulée récemment à l’unanimité par les Eurodéputés dans le cadre des discussions sur les directives relatives à l’eau et à la radioprotection), de Convention d’Aarhus non appliquée par la DG Energie sur les documents relatifs au nucléaire selon divers témoignages, de rares prises de positions politiques à l’égard du nucléaire en Europe, ou encore du vieillissement des centrales, du relevé des niveaux de doses acceptables, etc.

« Qu’on soit dedans ou en sortie, les déchets font que nous sommes collés au nucléaire, a souligné l’eurodéputée Corinne Lepage, vice-présidente d’NTW. Nous devons construire une société de la responsabilité désintéressée ». Interpellant les citoyens « payeurs », elle espère qu’NTW contribuera à partager la connaissance sur la réalité du nucléaire dans les différents pays d’Europe, sur le plan tant financier (coûts réels) que des règles de sécurité, de même que l’industrie nucléaire se sert de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) pour échanger « les bonnes pratiques ». Pour Nadja Zeleznik du centre régional pour l’environnement d’Europe centrale et de l’est, troisième vice-présidente de NTW, il s’agit d’obtenir plus d’information sans « être noyés par des données trop techniques qui ne permettent pas de s’y retrouver », et de considérer les commentaires et exigences formulés par la société civile en retour.

… et ses soutiens

L’initiative NTW a d’ores et déjà reçu le soutien du secrétariat de la Convention d’Aarhus, du Bureau environnemental européen, d’Herca (rassemblement européen des autorités compétentes en protection radiologique) et de l’Institut de Radioprotection et de Sureté nucléaire (IRSN).

Cette première journée d’existence fut l’occasion pour les membres présents de témoigner du peu de transparence dans ce secteur, y compris sur le transport de déchets nucléaires dans les pays tiers de l’UE comme le permet la directive. Seul le représentant d’une ONG anti-nucléaire Suédoise s’est montré satisfait des relations avec les régulateurs et opérateurs du nucléaire de son pays, ayant pu bénéficier d’un fonds pour s’impliquer dans le processus de consultation du public sur les déchets nucléaires engagé depuis 2005. « Cependant, nous n’en sommes pas au point où les régulateurs font appel à la société civile ! », remarque Jan Haverkamp de Greenpeace Europe, « membre qualifié » de NTW. En outre, aucun député européen Suédois n’était présent au lancement de l’initiative ; seul l’allemand Jo Leinen est venu exprimer son intérêt pour la démarche.

Avec un soutien de 100.000 € de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme, NTW a commencé le travail sur sa première thématique, la grande oubliée des stress-tests : les dispositifs mis en œuvre en dehors du site nucléaire en cas d’accident. « Mais je ne veux pas que ça se produise ! », confie Michèle Rivasi. Elle espère une table-ronde sur « Comment envisager le vieillissement des centrales » sachant qu’un peu partout en Europe, la décision d’étendre leur durée de vie se fait sans consultation du public.

Camille Saïsset

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1 commentaire
  • On se demandait si le gouvernement français voulait un réel débat sur la transition énergétique. Avec total qui intervient dans les écoles françaises, avec l’aval du ministère, je pense que l’on a la réponse ?

Par Michèle Rivasi

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