Forages pétroliers: loin des yeux mais près du coeur des écologistes, la Guyane est un joyau à préserver

Les eurodéputé-e-s Jean-Jacob Bicep (spécialiste de l’outremer), Sandrine Bélier (spécialiste de la biodiversité), Yannick Jadot (spécialiste de l’énergie) et Michèle Rivasi (co-rapporteur du futur règlement européen sur la sécurisation des activités pétrolières offshore) s’indignent du lancement de l’exploration pétrolière par Shell au large de la Guyane.

Pour eux, une seule réponse existe face à la question des forages en Guyane: un moratoire sur la prospection tant que les garanties environnementales, fiscales et sociales ne seront pas sérieusement prises en compte.

La législation française est totalement inadaptée aux nouveaux enjeux de l’extraction offshore, notre pays n’ayant jamais exploité de ressources fossiles en grande profondeur dans ses eaux territoriales. Tant que le nouveau règlement européen sur la sécurisation des activités pétrolières offshore n’aura pas été voté, et tant que le code minier français n’aura pas été réformé, nous n’aurons pas de garanties suffisantes de la part des opérateurs pétroliers. Pire, les royalties que la France sera censée obtenir seront bien inférieures à celles que reçoivent d’autres pays en pointe dans les forages offshore, tels que la Norvège. Et ce alors même que les enjeux de développement local en Guyane sont importants pour ce territoire délaissé par la République française, pourtant une et indivisible.

Aujourd’hui, de nombreux enjeux font défaut dans la législation, le premier étant l’absence d’études d’impact environnementales préalables: il est impensable de forer sans anticiper les risques potentiels. Par ailleurs, il faut pouvoir s’assurer que Shell optera pour les standards de sécurité les plus contraignants. Enfin, les compagnies prenant de tels risques doivent prévoir des plans de gestion de crise, pour minimiser l’impact d’une catastrophe environnementale et garantir la sécurité physique des travailleurs de la plateforme. Il est aussi regrettable que la phase d’exploration débute en pleine période de migration des cétacés: les études sismiques réalisées émettent des ondes extrêmement puissantes dans un rayon de 100 kilomètres qui bouleverseront l’orientation des mammifères marins.

Pour toutes ces raisons, les élu-e-s EELV soutiennent les associations locales dans leur volonté d’attaquer au contentieux les arrêtés préfectoraux délivrés, puisqu’il semble qu’ils contreviennent au Code de l’Environnement, notamment l’utilisation d’un procédé de forage polluant à base de boues et d’huiles de synthèse…dans une zone aussi riche de sa biodiversité que sensible aux altérations des écosystèmes. Le moindre rejet risque d’affecter durablement un patrimoine naturel remarquable, le plus riche de France. Ce capital là a une valeur qui dépasse largement les intérêts financiers.

Seuls les actionnaires de Shell sont pressés de faire des profits record, il n’y a aucune urgence à se ruer vers l’or noir guyanais. La précipitation est mère de tous les regrets, déplorent les élu-e-s écologistes.
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Par Michèle Rivasi

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