Feu vert aux EPR d’Hinkley Point : les consommateurs britanniques pris pour des vaches à lait radioactives

La Première Ministre britannique Theresa May a finalement annoncé le lancement du projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, grâce à un investissement franco-chinois de 22 milliards d’euros. Une décision qui démontre, s’il le fallait encore, que l’industrie nucléaire ne survit que sous perfusion de subventions publiques déguisées.

Réaction de Michèle RIVASI, eurodéputée candidate à la primaire des écologistes:

« Les écologistes européens n’ont eu de cesse de contester le mécanisme de financement de ce projet qui constitue, par son système de rachat d’électricité à un prix exorbitant, une aide d’État qui aurait dû être jugée illégale par la Commission européenne. Mais non, les petits arrangements entre amis au plus haut niveau de la Commission européenne ont empêché toute contestation de cette décision, alors que la technologie nucléaire est considérée comme mature, a profité largement de subventions publiques ces 60 dernières années et devrait de fait être exempté de tout mécanisme d’aide. Si les marchés financiers et les investisseurs privés ne veulent plus financer de tels projets, c’est bien parce que leur viabilité économique n’est pas prouvée. N’oublions néanmoins pas que les gouvernements autrichiens et luxembourgeois ont attaqué cette aide d’État illégale devant la Cour européenne de Justice : il est toujours possible qu’elle la juge incompatible avec les principes de la libre concurrence sur le marché européen de l’énergie ».

« Alors que l’endettement d’EDF (37 milliards d’euros) ne cesse de s’accroître à cause des ratés des EPR d’Olkiluoto (Finlande) et de Flamanville, cette décision met en péril l’équilibre financier du groupe. Après son directeur financier, un administrateur d’EDF avait lui aussi démissionné en juillet dernier, ne cautionnant pas cette stratégie suicidaire. Mais quand l’État (et donc l’argent du contribuable) est prêt à tout pour renflouer une filière exsangue, le modèle économique importe peu ».

« Au final, les consommateurs britanniques paieront 117 euros du MWh, un tarif bien au-dessus des prix actuels du marché de l’électricité et bien supérieur à la rémunération prévue aujourd’hui pour l’énergie éolienne. Rendons-nous compte que pour 13 milliards d’euros, l’on pourrait construire 3000 éoliennes terrestres qui produiraient autant d’électricité. Et pour le même prix qu’Hinkley Point, on pourrait aussi financer 5,7 GW d’éolien offshore. A la lumière de ces chiffres, un tel investissement est réellement incompréhensible ».

Et Michèle RIVASI de conclure : « Surtout, cette décision permet à la Chine de construire sa première centrale nucléaire en Europe, avec la bénédiction des gouvernements français et britanniques, puisque c’était la condition imposée pour obtenir une participation financière chinoise au projet. Outre-manche, des experts en sécurité craignent que cela permette à la Chine d’infiltrer le réseau d’électricité et de le pirater. Voilà où on en arrive quand on veut sauver le prétendu fleuron de notre industrie : on cautionne tout et n’importe quoi, en gaspillant l’argent du contribuable et en bradant notre technologie au plus offrant».

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Par Michèle Rivasi

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