Entretien dans La Provence: « La déconfiture d’Areva cache un vrai scandale »

Avec 5 milliards d’euros de perte en 2014, Areva mérite-t-il encore le titre de champion français du nucléaire ?

C’est le résultat d’une accumulation d’erreurs de la part d’Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne du groupe, dont la plus lourde, Uramin, a coûté plus de 1,8 milliard d’euros. Sous son impulsion, Areva a acheté des mines d’uranium au Niger et en République centrafricaine qui s’avèrent inexploitables. Cette affaire est un vrai scandale qui démontre, entre autres, l’inefficacité des conseils d’administration des entreprises publiques, qui n’ont jamais osé remettre en question les choix d’Anne Lauvergeon. Y compris sur l’EPR, un échec retentissant dont le coût a triplé depuis son lancement.

N’est-ce pas aussi la conséquence de Fukushima ?

C’est sûr que ça a joué. Avant l’accident, tout le monde voulait du nucléaire. Depuis, la demande mondiale s’est effondrée et avec elle les prévisions de chiffre d’affaires d’Areva, dont les usines tournent au ralenti, comme Georges-Besse II, à Tricastin.

L’incident qui a entraîné la fermeture d’un réacteur à Fessenheim devrait-il précipiter la fermeture de cette centrale ?

C’était un engagement de François Hollande qu’il vient à peine de confirmer. Mais c’est effectivement ce qui devrait être fait, dans la mesure où Fessenheim est une vieille centrale dont la maintenance va coûter de plus en plus cher. C’est d’ailleurs là une autre explication aux déboires d’Areva : maintenant que l’on sait le vrai prix du nucléaire, on s’aperçoit qu’il n’est plus compétitif. Non seulement vis-à-vis des énergies fossiles, mais aussi vis-à-vis des renouvelables comme l’éolien.

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Par Michèle Rivasi

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