Contrats EPR en Grande-Bretagne: la sortie du nucléaire devient un impératif économique

EDF et le gouvernement britannique sont enfin parvenus à un accord final pour la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR en Angleterre, après de longs mois de négociation concernant le tarif de rachat de l’électricité produite.

Réaction de Michèle RIVASI député européenne vice-Présidente du groupe des Verts-ALE au Parlement européen, et Denis Baupin député EELV vice-Président de l’Assemblée nationale.

Pour Michèle RIVASI : « Après de longues négociations, EDF et le gouvernement britannique se sont finalement accordées sur un prix de 92,5 livres par mégawattheure (109 euros du mégawattheure). Un prix presque deux fois plus élevé que le prix de gros sur le marché de l’électricité au Royaume-Uni: le nucléaire ne survit donc que sous perfusion. Et cette perfusion pourrait d’ailleurs être rejetée par la Commission européenne si celle-ci considère que le modèle du prix garanti obtenu par EDF correspond à une aide d’État contraire au droit communautaire ».

« La compétitivité supposée du prix de l’électricité d’origine nucléaire était dénoncée par les écologistes depuis longtemps, elle est désormais plus qu’avérée. Quand on sait que le tarif de rachat de l’électricité d’origine éolienne est de 86 euros du mégawattheure, on se demande pourquoi la France continue à privilégier le nucléaire au détriment des renouvelables, qui créent par ailleurs bien plus d’emplois par mégawattheure produit. Le nucléaire est bien la seule technologie que je connaisse dont le coût augmente dans le temps. Normalement, les progrès technologiques et la production en série devraient tendre vers une diminution des coûts comme c’est le cas dans les énergies renouvelables ».

Pour Denis BAUPIN : « Vous avez aimé la dérive des coûts et des délais de l’EPR à Flamanville comme à Olkiluoto en Finlande ? Vous adorerez les conditions exigées par EDF en Grande Bretagne qui confirment que l’EPR ne peut exister sans intervention des pouvoirs publics, et sans engagements de ceux-ci sur le très long terme : 40 ans de garantie d’achat en Angleterre, à des tarifs d’achat dépassant déjà l’éolien existant. Nous aurons l’occasion d’examiner ces coûts extravagants, supérieurs aux énergies renouvelables matures, lors de la Commission d’enquête que le groupe écologiste proposera sous peu à l’Assemblée Nationale ».

« Ces coûts viennent en effet s’ajouter aux investissements massifs exigés dès aujourd’hui pour le parc nucléaire vieillissant (et plus massifs encore s’il devait être prolongés, au vu des conditions déjà évoquées par l’Autorité de Sûreté pour ces hypothétiques prolongations). Clairement, il apparait de plus en plus flagrant pour tous – ou presque – que le nucléaire, au-delà de l’impasse environnementale, est une impasse financière. Seul le député Mariton tente pathétiquement ce jour – en intitulant « rapport sur la transition énergétique » une compilation d’idées reçues – de masquer le déclin de l’exception nucléaire française, et le boulet qu’elle représente pour notre économie ».

« La commission d’enquête sera l’occasion, avant la discussion de la loi sur la Transition Énergétique, d’analyser cette croissance exponentielle des coûts d’une technologie que certains disent mature ou prétendent amortie, mais qui ne survit que sous perfusion, et dont la dernière génération est déjà largement dépassée avant même d’être mise en service ».

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Par Michèle Rivasi

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