Contamination radioactive des aliments : L’Europe va-t-elle tirer des leçons du Japon ?

L’accident nucléaire de Fukushima entraîne depuis le 12 mars 2011 une importante contamination radioactive des aliments au Japon. Les autorités japonaises ont interdit la semaine passée la vente de plus d’une dizaine de légumes et de lait crus en provenance des zones les plus proches de Fukushima. Des niveaux de radioactivité importants ont aussi été détectés en mer.

Les mesures annoncées par la Commission européenne sur l’importation de produits frais japonais sont insuffisantes estime l’eurodéputée du Groupe des Verts/ALE et fondatrice de la Criirad, un laboratoire français de mesure radioactive créé au moment de la catastrophe de Tchernoby, Michèle Rivasi.

Les premières analyses de produits alimentaires révèlent des niveaux de radioactivité très élevée, de l’ordre par exemple de 54.000 bq/kg en Iode 131 (27 fois les niveaux autorisés), et de 1900 bq/kg pour le Césium dans des épinards prélevés à 100 km au sud de Fukushima.

« Ces niveaux de radioactivité sont suffisamment élevés pour que la prise de très peu d’aliments contaminés conduise au dépassement de la limite de dose maximum admissible pour la population » explique Michèle Rivasi, « Il suffit qu’un enfant de 2 ans ingère 370 g d’épinards à 15 000 Bq/kg, ou un enfant de 10 ans un peu plus de un kilo, pour atteindre la limite annuelle, sans compter la contribution des autres aliments et des autres radionucléides présents ! »

Suite à ces valeurs alarmantes, la Commission européenne a annoncé des mesures de contrôle renforcées sur l’importation de l’ensemble des aliments provenant du Japon, fruits de mer et poissons inclus. Ces mesures prévoient notamment des analyses de 10 % ou 20 % des lots reçus. « Les mesures prévues sont insuffisantes. Les valeurs autorisées en Europe sont beaucoup plus élevées que celles autorisées aujourd’hui au Japon et que celles recommandées par l’OMS, ce qui est inacceptable. »

En Février 2011, lors de son vote la révision d’une directive Euratom portant sur la contamination radioactive des aliments en cas d’accident nucléaire[1], le Parlement Européen a demandé une révision des valeurs maximales autorisées en Europe en cas d’accident. « Cette réévaluation des valeurs doit être faite de toute urgence et par des experts libres de conflits d’intérêts avec la filière nucléaire », poursuit la députée européenne.

Lors du vote en février 2011, la Commission européenne a d’emblée rejeté toutes les propositions du Parlement. Le dossier est aujourd’hui sur la table du Conseil et suite aux événements de Fukushima, il est impératif que les recommandations du Parlement Européen soient entendues.

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Par Michèle Rivasi

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