Congrès EELV : déclaration commune de Karima Delli, Michèle Rivasi et Sergio Coronado

Bonjour à tous,

Les résultats des AG décentralisées ont montré la volonté des militants écologistes de clarifier notre ligne politique et d’assainir nos pratiques après les déboires que nous avons connus ces dernières années.

Après le massacre de la Commune de Paris par les Versaillais, les porteurs de ses idéaux affirmaient que si le cadavre était à terre, l’idée était debout. Cette idée d’égalité et d’émancipation des peuples dans le cadre d’une République sociale universelle a porté tous les rêves révolutionnaires du 20eme même si certains ont viré au cauchemar.

Aujourd’hui, notre mouvement et l’écologie politique en France est en miettes après la parenthèse enchantée de 2009 / 2011. Pourtant, l’effervescence écolo-citoyenne est bien là. Partout, germent des petites graines de réappropriation citoyenne de la chose publique et des Biens Communs, une soif de démocratie réelle face à l’asphyxie de nos institutions en proie aux lobbys et aux dérives oligarchiques. Ces lueurs d’espoirs, ces constructions de chemin de transition ici et maintenant, montrent que l’écologie est bien debout même si la défiance à notre égard est considérable.

L’élection présidentielle en Autriche nous oblige également à faire preuve d’un sens de la responsabilité essentiel. Le candidat écologiste a été le dernier rempart républicain et humaniste face à la fièvre nationale-populiste qui secoue l’Europe de Budapest à Paris. Les partis traditionnels ont été balayés.

L’enjeu de ce Congrès pour nous est de savoir si dans ce monde en plein chaos et en pleine mutation, rempli de bruit et de fureur, nous voulons être définitivement assimilé à un parti classique du Vieux monde et du 20eme siècle ou devenir le mouvement des Communs, de la transformation écologique et sociale et de l’écologie en mouvement.

Pour cela, il est capital d’envoyer un signal à tous les acteurs du foisonnement démocratique actuel. L’unité de façade en mettant le couvercle sur les raisons qui nous ont amené là serait une erreur fondamentale.

Etre conscients de la situation, ce n’est pas de proposer une commission de la rénovation comme si la refondation de l’écologie politique allait tourner autour de nous mais bien d’en appeler au dépassement de notre mouvement dans un ensemble plus large, plus horizontal et en phase avec l’esprit de la coopérative porté un temps en notre sein.

Ce n’est pas non plus de reformuler une vieille stratégie d’alliance partidaire en théorisant l’autonomie contractuelle quand nos partenaires de la vieille gauche sont dans un état encore plus pitoyable que nous et que le PS a tellement trahi le piteux accord de législature passé en 2011 et les promesses du Bourget que toute alliance semble pour lors inenvisageable.

Il convient donc de bousculer le jeu des écuries en construisant avec ceux qui le veulent bien une majorité alternative pour en finir avec des pratiques claniques et la dérive oligarchique de notre mouvement. Il faut inscrire des campagnes d’actions déclinées à chaque échelon territorial et le droit à l’expérimentation de nouveaux espaces politiques collaboratifs au cœur de notre action ces prochaines années.

Un pôle à vocation majoritaire peut se constituer autour d’Ecologie en commun, de l’Imprévu et de Tic-Tac sur une motion de projets planifiés à laquelle pourrait se greffer une partie d’Horizon (les anciens lovers notamment) et d’Europa (certains anciens de Construire).

Le changement dans la continuité n’a jamais fait ses preuves et se résume souvent à la stratégie du Guépard « Tout changer pour que rien ne change ».

Nous invitons donc les délégués qui vont participer au Congrès à Pantin à être conscients de la situation, à se mettre à la hauteur des enjeux et à penser à l’image que nous allons renvoyer vers le peuple de l’écologie, s’il nous regarde encore.

Nous sommes certains qu’un nouveau printemps de l’écologie est possible et que nous ne devons pas sacrifier le mouvement que nous avons construit et qui comporte tant d’énergie, de compétences, d’expertise.

Puisse ce Congrès être utile pour accélérer l’émergence d’une nouvelle force servant de débouché à tous ceux qui se lèvent aujourd’hui pour répondre à la polycrise sociale, environnementale et démocratique.

Nous ferons notre part, comme le Colibri en ayant conscience que c’est bien l’incendie qu’il nous faut éteindre ensemble, au delà même de notre mouvement.

Amitiés.

Sergio Coronado, Karima Delli et Michèle Rivasi

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Par Michèle Rivasi

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