Cahuzac a entretenu d’étroites relations avec les laboratoires pharmaceutiques (Le Figaro)

Par Anne Jouan
4 avril 2013 Publié le 03/04/2013 à 19:43

MARDI SOIR, Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour « blanchiment de fonds provenant d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou produits sont pris en charge par la Sécurité sociale ». Pour faire simple : il s’agirait d’argent versé par l’industrie pharmaceutique.

Il est vrai que Jérôme Cahuzac connaît très bien ce milieu pour avoir travaillé, de 1988 à 1991, au cabinet de Claude Evin, alors ministre de la Santé du gouvernement Rocard. Il occupait le poste de conseiller technique en charge notamment de l’industrie pharmaceutique. Au début des années 1990, le prix des médicaments et leur taux de remboursement par la Sécurité Sociale, deux points fondamentaux pour les laboratoires pharmaceutiques qui ont intérêt à avoir un médicament vendu cher et remboursé le plus possible par la Sécurité sociale, sont décidés par commission de la transparence mais c’est le ministère de la Santé qui a le dernier mot. Ce n’est qu’en 1995 qu’est créé le comité économique des produits de santé (CEPS), organisme interministériel chargé de fixer le prix des médicaments.

Pour la députée européenne Europe Écologie-Les Verts Michèle Rivasi, Jérôme Cahuzac occupait au ministère un « poste clé », ce qui lui a permis de nouer de nombreux contacts avec l’industrie. « En 1989, alors qu’il était en fonction, les laboratoires Pierre Fabre avaient bénéficié de la sympathie du ministère de la Santé. Leur médicament Maxapa (une molécule prescrite aux patients porteurs du VIH pour traiter leur taux de graisse dans le sang et mise sur le marché en 1987, NDLR) bénéficiait d’un prix de vente trois fois supérieur à celui de ses concurrents , relève Michèle Rivasi. À l’époque, Le Canard enchaîné avait évoqué une promesse faite par Fabre à Claude Évin : implanter une usine dans sa circonscription. Une promesse jamais démentie par les intéressés. Par la suite, les associations sportives de Villeneuve-sur-Lot, dont Jérôme Cahuzac fut le maire, n’eurent aucun mal à trouver des partenaires pour financer leurs activités : Fabre et Upsa ont fait preuve d’une générosité non dissimulée ».

Le 11 octobre 1993, Jérôme Cahuzac crée son entreprise de lobbying baptisée SARL Cahuzac Conseil. Sur son blog, il évoque la création d’un compte il y a « une vingtaine d’années » . La fondation de sa société de conseil et l’ouverture de son compte à l’étranger sont donc concomitantes.

Contacté par Le Figaro , Claude Evin, aujourd’hui directeur général de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, revient sur la création de la SARL Cahuzac. « Je ne savais pas qu’il avait créé une société pour donner des conseils à l’industrie pharmaceutique , confie-t-il. Je ne l’ai appris que récemment. Visiblement, il a conseillé des laboratoires sur l’élaboration de dossiers d’autorisation de mise sur le marché (la procédure que doivent suivre les firmes pour obtenir l’autorisation de commercialiser leurs molécules, NDLR) et sur les prix » . Claude Evin affirme ne plus avoir de contact avec Jérôme Cahuzac depuis le mois de juillet, juste l’avoir « croisé furtivement au Sénat il y a deux mois environ » . Par ailleurs, l’ex-ministre de la Santé confirme avoir bien perçu de l’argent des laboratoires Pierre Fabre pour le financement de sa campagne législative de 1993 mais à une époque où, il est vrai, les dons d’entreprises étaient autorisés.

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