Arche de Tchernobyl : cachez-moi cette catastrophe dont on ne veut faire le véritable bilan sanitaire

Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, le réacteur accidenté devient enfin correctement confiné, ce qui permettra son démantèlement. Il n’est pas trop tôt, mais pour autant il est inconcevable de faire comme si rien ne s’était passé.

Réaction de Michèle RIVASI, députée européenne écologiste : « L’arche de Tchernobyl est une construction aussi titanesque que nécessaire pour confiner la radioactivité encore présente sur le site. L’ancienne enceinte (le sarcophage, construit à la va-vite) était totalement délabrée et menaçait de s’effondrer au risque de disperser les poussières radioactives encore présentes. Et les infiltrations d’eau faisaient quant à elle peser le risque du redémarrage de réactions nucléaires en cas de contact avec le corium. Ces risques sont inquiétants puisqu’on estime qu’il reste à l’intérieur du sarcophage 95% des matériaux radioactifs qui étaient présents dans le réacteur quand il fonctionnait, seuls 5% s’en étaient échappés, contaminant une majeure partie de l’Europe. Ce chantier était donc justifié pour permettre de confiner les matières radioactives, de protéger les travailleurs du site en charge du démantèlement et de renforcer le sarcophage existant contre les agressions climatiques. Au final, le coût total de l’enceinte de confinement s’élève à 2, 1 milliards d’euros, la seule construction de l’arche ayant coûté 1, 5 milliards d’euros et la France étant le deuxième contributeur direct avec 172 millions d’euros.

Mais justifier un tel chantier ne doit pas nous pousser à clore ce triste chapitre de l’histoire de l’Humanité. Le mal a été fait et il continue d’agir : cette catastrophe nucléaire est permanente contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire. C’est pourquoi je me suis attelée à débloquer des fonds de la Commission européenne pour enfin comprendre les maladies dont sont affligées les populations locales, et notamment la deuxième génération : les enfants nés après Tchernobyl…qui souffrent pourtant physiquement de ses conséquences. Ce travail de longue haleine aura permis au Professeur Youri Bandajevski d’étudier sérieusement la face cachée de cette catastrophe, que les autorités sanitaires se bornent à minimiser en ne s’intéressant qu’aux seules victimes des irradiations : les liquidateurs. Les résultats avancés sont inquiétants : sur 3085 enfants de la deuxième génération suivis, 81.9% d’entre eux sont atteints de problèmes cardiovasculaires (arythmie, tachycardie) qui les empêchent d’avoir une vie normale et les prive de toute vitalité. L’enjeu est maintenant de comprendre si ces problèmes sont liés à une fragilité génétique transmise ou s’ils sont dus à la contamination interne par ingestion d’aliments contaminés. Il est primordial d’en savoir plus pour mieux traiter les victimes et prendre les décisions qui s’imposent. Le déni n’a jamais rien permis excepté la reproduction des erreurs. Et Fukushima aussi continue de nous rappeler qu’une catastrophe nucléaire ne se gère pas : elle se subit ».

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Par Michèle Rivasi

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