Allongement de la durée de vie des centrales: l’État joue à la roulette-russe avec la sûreté nucléaire

Selon le journal du Dimanche, le gouvernement serait en passe d’acter la prolongation de l’activité des centrales nucléaires françaises, la faisant passer de 40 à 50 ans, pour financer la transition énergétique.

Pour Michèle RIVASI, eurodéputée EELV fondatrice de la Criirad (*), une telle décision serait irresponsable: « L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déjà validé l’allongement de la durée d’activité des centrales en 2009, passant à 40 ans. Initialement, les centrales ont été prévues pour une durée d’activité de 30 ans…et EDF souhaiterait la faire passer à 60 ans: cessons de jouer avec le feu nucléaire, son incendie n’est pas maîtrisable. Si l’on veut financer la transition énergétique, il y a d’autres moyens plus cohérents ».

« Le gouvernement doit comprendre que la rente nucléaire n’est pas extensible à souhait, et ce même si elle est utilisée pour financer la transition énergétique, ou alors il faut le faire au détriment de la sûreté nucléaire mais aussi de la sécurité d’approvisionnement énergétique. Les matériaux des réacteurs nucléaires sont soumis à des conditions extrêmes, la moindre fragilité peut vite déboucher sur un accident majeur. Or les cuves ou les enceintes de confinement ne sont pas remplaçables, on s’expose donc à une série de mises à l’arrêt des centrales françaises en cas d’anomalie générique grave sur notre parc nucléaire standardisé. En plus de soumettre la population à un risque insensé, le gouvernement prendrait alors le risque d’un black-out électrique ».

« Récemment le directeur de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, rappelait qu’EDF ne devait pas compter sur l’allongement de la durée de vie des centrales à 60 ans, on s’oriente pourtant vers une telle piste puisque c’est le souhait d’EDF, justifié par des investissements supplémentaires dans la sûreté. À quoi bon sert une autorité de sûreté indépendante si ses recommandations ne sont pas prises en compte? N’oublions pas que c’est l’ASN qui valide en dernier lieu le prolongement d’activité d’un réacteur ».

« Le gouvernement doit tenir ses engagements et faire savoir au plus tôt quelles centrales doivent fermer en priorité afin d’anticiper le futur énergétique de la France. Ce calendrier doit se baser sur une analyse multifactorielle pour fermer les réacteurs les plus dangereux (risques naturels, occurrence d’incidents, durée d’activité) en priorité. Actuellement, on ne peut que constater que la priorité n’est pas de développer des sources d’énergies renouvelables, vu comment l’État tarde à prendre des mesures d’urgence pour des filières malmenées par le primat accordé au nucléaire en France ».

(*) Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité: http://www.criirad.org/

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Par Michèle Rivasi

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