Réacteurs défectueux : l’euthanasie de la filière nucléaire devient une nécessité

Après les dernières révélations de l’Autorité de sûreté nucléaire du 23 septembre sur les irrégularités avérées des équipements du parc nucléaire français, un nouveau rapport – commandé par Greenpeace – remet en cause la sûreté de 32 réacteurs nucléaires sur notre territoire.

Réaction de Michèle RIVASI, eurodéputée candidate à la primaire de l’écologie :

« Les années passent et les révélations successives démontrent que la filière nucléaire est dans une dangereuse impasse. Aujourd’hui 6 réacteurs sur 58 sont à l’arrêt en raison de malfaçons, et l’ASN a rappelé que 18 réacteurs étaient équipés de pièces défectueuses. Mais selon le cabinet LargeAssociates, qui a réalisé un rapport sur les anomalies de la filière nucléaire française, la situation serait encore plus catastrophique : 32 réacteurs, soit 44% de la capacité de production, seraient équipés de pièces défectueuses. Nous apprenons ainsi que l’usine Creusot Forge d’Areva n’avait pas les qualifications techniques requises pour maîtriser les procédures nécessaires à la vérification de la sûreté dans les étapes de fabrication des pièces. Et que les anomalies de concentration en carbone ne sont pas une exception française mais un scandale international : le contrôle de qualité et de conformité ne serait qu’une vaste mascarade.

Par ailleurs, la cuve de l’EPR de Flamanville ne disposerait pas d’un certificat de conformité délivré par l’ASN, en infraction aux exigences même de l’ASN. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’État a adopté, le 30 décembre 2015, un arrêté relatif à la sûreté des équipements sous pression nucléaires. Son article 9 prévoit la possibilité, pour un fabricant, de demander à l’Autorité de sûreté nucléaire une dérogation afin d’autoriser l’utilisation d’un équipement n’ayant pas satisfait à l’ensemble des exigences essentielles de sécurité en cas de « difficulté particulière ». La difficulté en question étant que nous avons été mis devant le fait accompli quand la cuve a été installé et le couvercle posé.

Voilà où l’on en est rendu pour protéger une filière industrielle en fin de vie, on la maintient sous assistance respiratoire au détriment de notre sécurité collective et de l’intérêt général, il n’y a pourtant qu’une solution : mettre fin aux souffrances des réacteurs français et en premier lieu à ceux de Fessenheim. En effet le réacteur 1, arrêté volontairement de février à mai 2016 pour subir notamment 9000 activités de maintenance, avait dû être arrêté 13 jours plus tard après la détection d’un dysfonctionnement sur un circuit situé dans la partie nucléaire du réacteur. Le 13 juin dernier c’était au tour du réacteur 2 d’être mis à l’arrêt à cause d’irrégularités de fabrication sur un générateur de vapeur. Arrêtons l’acharnement thérapeutique, débranchons la doyenne des centrales françaises du réseau d’électricité ».

Et l’élue écologiste de conclure : « Face à de telles révélations, j’exige de l’État qu’il renforce les effectifs et les capacités d’enquête de l’ASN, qui semble clairement dépassée par la situation. Et je demande solennellement au Président Hollande de publier immédiatement le décret de fermeture de Fessenheim, qui devait pourtant déjà être publié en juin dernier. Nous devons sérieusement envisager la fermeture rapide des centrales les plus défaillantes en compensant la perte de production d’électricité par le lancement de chantiers d’envergure en matière de rénovation thermique des bâtiments publics et d’énergies renouvelables : la France a tout à y gagner ».

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Par Michèle Rivasi

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