Blocage de raffineries : il n’y a pas de pénurie d’essence, juste un manque d’idées au gouvernement

Cinq des huit raffineries françaises étaient « à l’arrêt ou en cours d’arrêt » lundi, en raison des actions de protestation contre le projet de loi travail. Une information qui a semble-t-il suffi aux média pour évoquer une pénurie de carburants et provoquer un vent de panique parmi les automobilistes. Mais qu’en est-il vraiment ?

Réaction de Michèle RIVASI, eurodéputée écologiste : « La pénurie d’essence actuelle n’en est pas une, il s’agit d’une prophétie auto-réalisatrice alimentée par la peur du manque, couplée à un emballement médiatique insensé. Si des stations-services se retrouvent sans carburants aujourd’hui, c’est uniquement parce qu’il y a eu un mouvement de panique, et il n’y a aucune raison de paniquer. L’adage français ‘on n’a pas de pétrole mais on a des idées’ est ainsi revisité : ‘en France on a des réserves de pétrole mais on n’a plus d’idées…à part celles du Medef’.

Une directive européenne de 2006 (1) impose en effet aux États membres un niveau minimal de stocks de produits pétroliers équivalant au moins à 90 jours de la consommation intérieure journalière moyenne. Et la France n’avait pas attendu l’Europe pour se doter de telles réserves. Le blocage des raffineries par les salariés n’est donc ni une menace directe pour notre économie, ni une menace pour le quotidien des automobilistes. Même s’il se veut rassurant sur la dite pénurie, le gouvernement a tout intérêt à ce qu’elle inquiète les Français, puisque l’opinion publique cessera de soutenir les bloqueurs dès qu’ils se sentiront menacés dans leur zone de confort.

Cet épisode doit néanmoins prêter à débat, c’est une opportunité pour réfléchir notre rapport au pétrole et au tout-voiture, qui n’ont pas seulement un impact sur le quotidien des Français à court terme mais aussi des conséquences géopolitiques ou climatiques à long terme. C’est l’occasion de remettre à plat notre politique de transports, de favoriser la mobilité douce et les transports en commun, de renforcer les plans de déplacement en entreprises, d’inciter les gens à faire du vélo et ce d’autant plus que c’est bon pour la santé ».

Et Michèle RIVASI de conclure : « En matière de prophétie auto-réalisatrice, on attend toujours que le ‘ça va mieux’ de Hollande se concrétise. J’espère qu’il est conscient qu’en poursuivant son entêtement il n’aura pas de deuxième quinquennat pour devenir prophète en son propre pays. Les tensions qui traversent le pays sont trop vives pour que le gouvernement passe en force sur la loi travail, il n’est pas trop tard pour arrêter la casse du Code du Travail ».

(1) http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=URISERV%3Al27071

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Par Michèle Rivasi

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