Areva – Recentrons la filière nucléaire française sur des priorités stratégiques : décontamination, démantèlement et déchets nucléaires

Le spécialiste français du nucléaire Areva doit confirmer ce mercredi qu’il a accusé une perte record de près de 5 milliards en 2014 et expliquer comment il compte redresser la barre, via des cessions d’actifs et des économies drastiques.

Alors que tout le monde pourrait s’attendre à ce que les écologistes se félicitent de la chute fracassante du géant français du nucléaire, Michèle RIVASI rappelle que l’industrie nucléaire a bien un avenir mais que les choix stratégiques ne sont pas les bons :

« Il faut être aveugle pour ne pas voir d’où viennent les pertes d’Areva, détenu à 80% par l’Etat français. L’ancienne dirigeante d’Areva, Anne Lauvergeon, a mis l’entreprise en danger en achetant l’entreprise Uramin et ses mines d’uranium inexploitables. L’évolution du cours de l’uranium n’est en rien responsable de cet échec : le projet était une mine de problèmes bien connus des géologues d’Areva, depuis des décennies. Pourquoi donc un tel achat ? La justice doit sérieusement enquêter sur cet investissement catastrophique d’1,8 milliards d’euros : les soupçons de corruption visant à obtenir un contrat nucléaire historique en Afrique du sud sont sérieux.

Ensuite, Areva a fait l’erreur stratégique de se lancer dans la conception de réacteurs : le groupe est actuellement plombé par l’erreur industrielle que constitue l’EPR. Entre les pertes liées à l’EPR finlandais estimées à 3,8 milliards et celles enregistrées à Flamanville, force est de constater que cette stratégie a été un échec. Fukushima n’est pas l’explication à tous les déboires d’Areva.

Que faire alors pour préserver les emplois et éviter la faillite de ce géant français ? Se concentrer sur les marchés d’avenir du nucléaire : en aucun cas le groupe ne doit céder ses activités de démantèlement, comme cela a pu être annoncé. L’ensemble des réacteurs – en France et dans le monde – construits dans les années 70 vont bientôt devoir être démantelés, l’essentiel des investissements doit se concentrer dans ce secteur d’avenir : il y a 30 ans de commandes en perspective, de quoi rassurer les actionnaires. La décontamination doit être au centre de la recherche d’Areva, il y a urgence à développer des technologies fiables, utiles en fonctionnement normal comme en gestion de crise : la gestion catastrophique des eaux radioactives de Fukushima a montré que les technologies de décontamination n’étaient pas au point. Quant au traitement et à la gestion des déchets nucléaires, ils sont tout aussi stratégiques: l’aval du cycle du combustible a trop longtemps été négligé ».

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Par Michèle Rivasi

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