Renationalisation de l’interdiction des OGM: une avancée en trompe-l’oeil

La commission environnement du Parlement européen a voté aujourd’hui en faveur d’un nouveau système d’autorisation des OGM dans l’UE. Ce vote renforce les prérogatives des Etats membres leur permettant de refuser que des OGM soient cultivés sur leur territoire.

Pour Michèle Rivasi, eurodéputée du groupe des Verts/ALE membre de la commission ENVI: « Assurer la capacité juridique des Etats membres à refuser la culture des OGM sur leur territoire, quand bien même l’Agence européenne de la sécurité alimentaire (EFSA) aurait donné son feu vert, ne va pas dans la bonne direction. Je rappelle que la renationalisation de l’interdiction des OGM est un recul par rapport à un encadrement au niveau européen: le pollen ne connaît pas les frontières!

N’oublions pas que les OGM constituent un effet levier pour la vente de pesticides. Or ceux-ci appauvrissent les terres et impactent la santé, les premiers touchés étant les agriculteurs et leur famille. La gestion efficace des pesticides perturbateurs endocriniens par la Commission européenne se fait toujours attendre.

Comme l’antibiorésistance avec les antibiotiques, la résistance aux pesticides se développe et génère une dépendance accrue à la technologie, laquelle est loin de maîtriser et corriger la totalité des effets qu’elle génère. Le changement climatique fait quant à lui peser une menace constante sur les écosystèmes et érode toujours plus la biodiversité. L’usage des pesticides ne fait qu’accélérer le phénomène tout en maintenant une dépendance permanente vis-à-vis du pétrole, essentiel dans la fabrication et l’épandage de ces produits mortels ».

Pour José Bové, eurodéputé du groupe des Verts/ALE, membre de la commission agriculture (AGRI) : « La possibilité donnée aux états membres d’interdire les OGM qui pourraient être autorisés au niveau européen est une victoire en trompe l’œil. Sur ce dossier comme sur celui de la PAC, on assiste à une renationalisation des politiques, ce que je ne peux pas accepter. La question de l’impact social et environnemental n’est pas prise en compte comme le Conseil européen l’avait pourtant demandé en décembre 2008.

En outre, les techniques de manipulation du vivant ont évolué depuis vingt ans, et ce texte ne prend pas en compte la culture déjà existante des OGM cachés (colza et tournesols tolérants aux herbicides).

Depuis des années les sondages confirment que nos concitoyens ne veulent pas d’OGM dans leur alimentation. M. Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne doit, comme il s’y est engagé dès le mois de juillet 2014, reprendre ce dossier en main. Elle doit proposer une amélioration de l’évaluation prenant en compte les impacts négatifs de ces plantes manipulées sur la santé, l’environnement et l’emploi ; une législation européenne qui permet aux États membres de ne pas être attaqués à l’OMC ».

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Par Michèle Rivasi

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