Il faut réformer d’urgence l’Agence européenne du médicament

Gérard BAPT, Député PS à l’Assemblée nationale, et Michèle RIVASI, Députée Européenne du groupe des Verts-ALE, ont appelé, le 12 octobre à Bruxelles, à agir en faveur de la réforme de l’agence européenne du médicament.

Le scandale sanitaire du Médiator a mis en exergue la collusion existante entre industrie pharmaceutique, experts scientifiques et responsables d’agences sanitaires. Nous avons les éléments démontrant que cette connivence a aussi existé en Belgique pour protéger l’Isoméride, produit cousin du Mediator, appartenant au laboratoire Servier.

Dès 1991, Marianne Ewalenko, cardiologue en Belgique, donne l’alerte, après avoir constaté des valvulopathies (anomalies cardiaques) chez quelques patientes prenant un cocktail de médicaments pour leur surcharge pondérale. En 1993, des essoufflements sont constatés chez les patientes prenant uniquement de l’Isoméride.

«Nous avons adressé au laboratoire Servier dès 1991 des notifications associées à la prise de fenfluramine (Isoméride). Un signal de pharmacovigilance a été donné, c’est à dire que nous avons suspecté un lien possible (non décrit jusqu’alors) entre la survenance d’un évènement indésirable et une prise médicamenteuse», expliquent le docteur Ewalenko et le docteur Malak», au cours de la conférence.

Fin 1994, le docteur Xavier Kurz, responsable du centre de pharmacovigilance belge rédige un rapport dans lequel les alertes sur les risques de valvulopathies lancées par ces médecins belges sont minimisées et contestées. Et jusqu’en 1997, c’est le silence du côté du laboratoire Servier. L’Isoméride est finalement retiré du marché en France et aux Etats-Unis à la suite d’une alerte outre Atlantique.

«Si les notifications de ces lanceurs d’alerte belges avaient été sérieusement prises en considération, ces médicaments n’auraient pas été commercialisés aux Etats-Unis et le retrait de l’Isoméride et du Pondéral serait probablement survenu plus tôt en France. Des milliers de patients auraient pu être épargnés d’effets cardiovasculaires indésirables graves», ajoute Gérard Bapt.

La problématique des conflits d’intérêts n’est pas strictement un problème « franco-français », elle se pose également à l’Agence européenne des médicaments, dont la vocation est de donner des avis scientifiques à la Commission Européenne afin que celle-ci décide de délivrer, ou non, une autorisation de mise sur le marché à des médicaments, leur offrant, ainsi, l’opportunité de toucher un marché de plus de 500 millions de consommateurs.

En février 2011, les députées européennes Eva Joly (Les Verts/ALE) et Michèle Rivasi (Les Verts/ALE) ont saisi l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) pour que ce dernier enquête sur les soupçons de conflits d’intérêts qui pèsent sur l’Agence. L’OLAF a ouvert une enquête interne le 22 juillet 2011 afin de vérifier ces allégations.

«La conférence d’aujourd’hui s’inscrit dans la droite ligne de cette saisine. Nous nous posons toujours la question de savoir pourquoi le docteur Kurz n’a pas fait remonter les informations données par les docteurs belges sur les effets de l’Isoméride, alors que ce docteur est membre de la cellule de pharmacovigilance de l’EMA. La confiance de cette agence passera par la présence de personnes au-dessus de tout soupçon», estime Michèle Rivasi.

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Par Michèle Rivasi

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