Discours d’ouverture lors du vernissage de l’exposition Armeniaca

De nombreux penseurs se sont exprimés au sujet de l’importance de l’architecture pour les civilisations et les nations, et ce depuis la Renaissance. Ils nous ont même avertis du péril que pouvait représenter la disparition du patrimoine architectural.

Victor Hugo fut l’un des plus éloquents. Dans un ouvrage dédié à Notre-Dame de Paris, il s’inquiéta même de l’avenir de l’architecture face à l’apparition d’une nouvelle forme de mémoire collective: l’écriture. Je ne conteste pas ici l’importance de l’écriture qui permet de lier les générations et les communautés: elle est essentielle et le restera.

Cependant jusqu’à l’apparition de l’imprimerie, l’architecture était l’écriture principale, l’écriture universelle. Elle a été la grande écriture du genre humain et représente un patrimoine immuable au travers des siècles.

L’architecture c’est la physionomie des nations, l’identité des civilisations. Quand les monuments disparaissent, c’est une partie de l’identité d’un peuple entier qui s’efface. Pour notre mémoire collective, il est ainsi primordial de conserver les vestiges des bâtisseurs de notre identité collective.

En ce sens, les pionniers de l’étude du patrimoine architectural arménien ont effectué – au travers du projet Armeniaca – un travail remarquable que nous devons tous saluer.

L’Arménie dispose d’un patrimoine qui reflète la richesse de son histoire, tant par les monuments conservés que par ceux détruits, mais dont les vestiges subsistent.

On retrouve dans le patrimoine architectural arménien une culture chrétienne prégnante. Rien de bien étonnant quand l’on sait que l’Arménie a été le premier État à adopter le christianisme comme religion officielle, en 301. Cette racine chrétienne fait d’ailleurs de l’Arménie un partenaire naturel de l’Union européenne, et peut-être un de ses futurs membres.

Au-delà de la dimension européenne, l’architecture arménienne elle-même est partie intégrante de la culture mondiale: non seulement par ses monuments, mais aussi par le rôle et la portée considérable qu’elle a eue dans le développement de l’architecture mondiale.

L’identification de ce patrimoine en péril est nécessaire, sinon indispensable. Tout d’abord pour mieux le mettre en valeur et le préserver, mais aussi conserver et transmettre la mémoire de cet héritage.

Au travers du projet Armeniaca, l’on découvre ou redécouvre l’influence arménienne en Europe, en Turquie, au Moyen-Orient et bien évidemment dans le Caucase. C’est le premier pas vers la sauvegarde et la restauration de ce patrimoine menacé par le temps et par l’Homme.

La numérisation des photos, plans d’édifices et d’autres types d’archives permet premièrement d’assurer leur sauvegarde. Mais elle permet aussi de mettre cette merveilleuse base de données à la disposition d’étudiants, de chercheurs, d’artistes et d’architecte, au travers d’un site interactif.

Je suis heureuse que ce projet essentiel pour la culture arménienne ait été financé par le Programme Culture de la Commission européenne. L’Union européenne a un rôle important à jouer dans la préservation du patrimoine: cette exposition en est la preuve.

Et le Parlement européen a un rôle à jouer dans la promotion de cette culture de sauvegarde, c’est la raison pour laquelle j’ai proposé avec enthousiasme d’accueillir Armeniaca cette semaine. Merci à tous pour votre présence et votre engagement constant! Chnorakaloutioun!

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Par Michèle Rivasi

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