Des implants mammaires PIP aux tests antipollution de Volkswagen, l’histoire se répète

À première vue, le scandale des implants mammaires PIP et celui des pseudo-tests antipollution de Volkswagen n’ont rien à voir entre eux. À première vue oui, mais il faut y regarder de plus près.

Au cours des années 1990, la société Poly Implants Prothèses (PIP) a introduit sur le marché des implants mammaires composés de gel en silicone impropres à l’usage médical. Alors que l’agence de sécurité américaine (FDA) avait refusé que les prothèses PIP soient commercialisées aux États-Unis et que le chirurgien marseillais Christian Marinietti avait alerté les autorités sanitaires françaises de la dangerosité de ces prothèses, il aura fallu attendre l’année 2010 pour que l’agence de sécurité sanitaire française (AFSSAPS devenue ANSM) « découvre » le pot aux roses et que la justice soit saisie.

Concernant le scandale des tests antipollution de Volkswagen, beaucoup de signaux auraient dû faire réagir les autorités allemandes. Sous la houlette du député Oliver Krischer, les écologistes allemands avaient déjà fait savoir au gouvernement de Merkel que les tests antipollution n’étaient qu’une mascarade et que les conditions lors de leur conception n’avaient rien à voir avec les conditions en conduite réelle. De plus, le gouvernement allemand est même maintenant accusé d’avoir su que les tests antipollution étaient tronqués. Et quid de la Commission européenne dont on a appris qu’elle était au courant depuis 2013 de la différence des émissions de dioxyde d’azote entre les tests en laboratoire et la réalité sur la route ?

Ainsi, ces deux affaires ont en commun d’avoir été précédées par une phase de signaux d’alarme qui n’ont pas été pris en compte mais ces scandales sont aussi liés plus intimement par un autre élément : l’organisme de certification TÜV Rheinland.

Cet organisme de certification était en charge de contrôler que les prothèses PIP soient bien conformes aux normes. Le journal Mediapart avait révélé à l’époque que les contrôles de TÜV étaient effectués de manière très laxiste et qu’ils n’avaient pu mettre à jour la fraude. Mais TÜV ne se contente pas de certifier de tels dispositifs médicaux, cet organisme allemand contrôle aussi la conformité des tests antipollution de différents fabricants automobiles… dont Volkswagen. Et on a vu avec quel succès.

Pour une expertise indépendante

Julia Hildermeier, sociologue spécialiste de l’industrie automobile européenne, confiait récemment au magazine Actu Environnement que « la duperie de Volkswagen a pu être découverte aux États-Unis parce que les examens sont beaucoup plus strictement appliqués » qu’en Europe.

C’est pourquoi les écologistes se sont battus pour et ont obtenu, le 23 septembre dernier, le vote d’un amendement en commission environnement du parlement européen pour que les tests antipollution soient réalisés dans des conditions réelles et non plus seulement en laboratoire, et ce, dès 2017. Ce sont ces tests en conditions réelles qui ont contribué à découvrir la fraude hors-norme de l’entreprise Volkswagen aux États-Unis.

En ce qui concerne les dispositifs médicaux, le cadre législatif est toujours en cours de négociations au niveau de l’Union européenne. En octobre 2013, le Parlement européen avait décidé de renforcer le pouvoir d’expertise des organismes certifiés et de s’assurer qu’ils soient composés d’experts indépendants réellement compétents dans leur domaine. Cependant le Conseil de l’UE tente actuellement de détricoter le texte du parlement.
Aussi bien au niveau de l’industrie automobile que pour ce qui a trait aux dispositifs médicaux, la bataille doit donc continuer pour que l’environnement et la santé des citoyennes et citoyens européens soient réellement respectés.

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Par Michèle Rivasi

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