Sécurité et développement – L’Europe réinvente la consolidation de la paix…en finançant l’armement des pays tiers !

Sous l’impulsion des États-membres, la Commission européenne a révélé aujourd’hui des modifications dans l’utilisation de l’Instrument contribuant à la paix et à la stabilité (IcSP), l’un des principaux outils d’assistance extérieure permettant à l’UE de jouer un rôle majeur pour prévenir les crises et intervenir en cas de crise émergente ou avérée (1). Désormais, il serait possible d’utiliser des fonds européens pour financer l’armement et la formation des militaires en Afrique, à contre-sens de la logique même de cet instrument.

Réaction de Michèle RIVASI, vice-Présidente de l’Assemblée Parlementaire Paritaire Afrique, Caraïbes, Pacifique – Union européenne (APP ACP-UE): « Au lieu de prévenir des conflits, l’Europe s’apprête à les alimenter. Normalement cette aide doit contribuer à la sécurité et à la stabilité via le financement de projets dans le domaine civil. En actant un tel principe, l’Europe se referme un peu plus sur elle-même et confirme que sa politique étrangère prend une tournure résolument sécuritaire, dans le but de mieux contrôler les flux migratoires comme l’accord avec la Turquie l’a déjà démontré. C’est pourtant tout l’inverse qu’il faut faire. Il faut s’attaquer aux causes du problème : les régions les plus sensibles doivent percevoir des fonds qui permettront aux populations de construire leur avenir sur place.

Lorsque je l’avais interpellé à ce sujet le mois dernier, le Commissaire à la Coopération internationale et au Développement m’avait pourtant assuré qu’il était hors de question d’acheter des armes avec ces fonds. Mais les États-membres ne peuvent s’empêcher de voir là un moyen de faire des affaires militaires, alors que notre continent est déjà le second fournisseur d’armes au monde grâce aux ventes de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni ».

Et l’eurodéputée de conclure : « Les écologistes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour bloquer une telle proposition au Parlement européen. Les Traités sont avec nous et la Cour européenne de Justice l’a déjà confirmé : les fonds d’aide au développement ne peuvent servir des objectifs militaires ».

(1) Il sert à court terme, aux interventions dans les situations de crise ou de crise émergente (souvent en complément de l’aide humanitaire de l’UE), et au renforcement, sur le long terme, des capacités des organisations impliquées dans la gestion des situations de crise et la consolidation de la paix.

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Par Michèle Rivasi

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