UE-Afrique: Une nouvelle stratégie qui perpétue les mêmes erreurs

COMMUNIQUE DE PRESSE – Bruxelles, le 09/03/2020

La Commission européenne et le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité ont posé aujourd’hui les jalons d’une nouvelle stratégie avec l’Afrique visant à intensifier la coopération grâce à des partenariats dans cinq domaines clés : la transition verte; la transformation numérique; la croissance durable et les emplois; la paix et la gouvernance; et la migration et la mobilité. En s’appuyant sur ce document, l’Europe entamera des discussions avec les partenaires africains en vue d’élaborer une nouvelle stratégie commune qui sera approuvée lors du sommet Union européenne-Union africaine d’octobre 2020 à Bruxelles.

Pour le groupe des Verts-ALE, cette nouvelle stratégie n’apporte pas d’amélioration substantielle. Elle s’inscrit globalement dans la continuité de la communication de 2017 et des priorités du Sommet d’Abidjan de la même année.

Déclaration de Michèle RIVASI, membre de la Commission du développement et de la délégation à l’assemblée paritaire ACP-UE :

« Ce qui distingue cette stratégie de la précédente, c’est qu’elle insiste davantage sur l’importance de la transition vers une économie décarbonée, la digitalisation et la solidarité dans le domaine de la migration.

Cependant, la Commission européenne perpétue une stratégie du « business as usual » et des mécanismes tant incohérents qu’insoutenables. 

Elle préconise le développement de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, la production locale, l’intégration des préoccupations relatives à la biodiversité mais promeut simultanément des relations commerciales qui profitent avant tout aux grandes entreprises occidentales.

L’Union européenne apportera un véritable changement quand elle mettra fin aux incohérences de ses politiques.

La Commission européenne ne peut promouvoir la digitalisation sans aborder le problème de l’exportation de nos déchets électroniques dans les pays en développement. Elle ne peut parler d’un « système agroalimentaire sûr et durable », sans parler de l’impact des exportations européennes de lait écrémé en poudre mélangé avec des graisses végétales vers l’Afrique de l’Ouest. Ces exportations inondent depuis des années le marché africain au détriment de la production locale, de l’environnement et de la santé.

On observe également cette incohérence dans les exportations de pesticides extrêmement dangereux et interdits dans l’UE. Des substances qui sont produites en Europe et revendues dans les pays les plus pauvres. Selon le rapporteur spécial sur les substances toxiques et le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation des Nations Unies, les pesticides sont responsables d’environ 200 000 décès par empoisonnement aigu chaque année. La priorité est avant tout de mettre fin à l’exportation de nos problèmes. Il ne peut y avoir de coopération entre partenaires égaux que si les avantages d’une partie ne sont pas au détriment de l’autre.

Nous déplorons que la Commission n’ait pas saisi cette occasion pour contrebalancer les droits du secteur privé par des devoirs aux plans social et environnemental. Ce n’est qu’à cette condition qu’il pourra devenir un véritable acteur de développement. Nous exhortons la Commission à jouer son rôle de régulateur notamment en ce qui concerne le devoir de diligence et en définissant des normes sociales et environnementales contraignantes et exécutoires dans les accords de libre-échange ».

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Par Michèle Rivasi

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