ÉRYTHRÉE : L’UNION EUROPÉENNE NE DOIT PAS PARTICIPER À L’UTILISATION DE TRAVAIL FORCÉ

Chaque année des milliers de jeunes, dont certains sont encore des enfants, sont envoyé vers un entraînement militaire avant la fin de leur scolarité. Michèle Rivasi, eurodéputée de retour de mission en Éthiopie avec une délégation du Parlement européen, souhaite rappeler qu’il est important de ne pas perdre de vue le système répressif qui restreint les droits des élèves et leur accès à une éducation de qualité en Érythrée :

« Maintenant que la paix est rétablie avec l’Éthiopie, il faut absolument que l’Union européen insiste auprès du gouvernement érythréen pour qu’il engage des réformes en faveur des droits humains ». 

« À cause des persécutions religieuses, des arrestations arbitraires et du service militaire, des centaines de milliers d’Erythréens ont fui leur pays au cours des dernières années, en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. La signature d’un accord de paix en juillet 2018 avec l’Éthiopie avait fait espérer une amélioration de la situation intérieure en Érythrée. Mais cet espoir tarde à se réaliser. L’une des principales raisons de l’émigration est le service militaire et le service national à durée indéterminée. 

Selon un nouveau rapport de Human Rights Watch , le gouvernement érythréen continue à enrôler de force des enfants en dernière année du secondaire, à les soumettre à une discipline militaire, tout en soumettant parfois les élèves et professeurs à du travail forcé et à des sévices physiques. Quant aux enseignants, au lieu de développer un réservoir de professeurs du secondaire dévoués à leur carrière et bien formés, le gouvernement éthiopien les soumet à la conscription, également pour un service à durée indéterminée, ne leur laissant aucune possibilité de choisir s’ils veulent être professeurs, ni la matière qu’ils souhaitent enseigner et où.

Ces politiques ont un impact dévastateur sur l’éducation et conduit de nombreux jeunes à fuir le pays. Je pose aujourd’hui la question à la Commission européenne de savoir comment l’Union européenne envisage-t-elle de pousser ses homologues érythréens à mettre fin à la conscription forcée des enfants et à l’utilisation de conscrits forcés dans le secteur de l’éducation? 

En outre, le gouvernement érythréen continue de soumettre la majeure partie de sa population à un service national illimité, qu’il soit civil ou militaire, notamment en travaillant pour des entreprises de construction du gouvernement. Le comité d’experts de l’Organisation Internationale du Travail a constaté que le pays contrevenait aux deux conventions sur le travail forcé.  

Cette année, l’Union européenne, via le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique, a commencé à soutenir l’achat d’équipements dans le cadre d’un projet de construction de routes sur lequel elle accepte de faire appel à une main-d’œuvre de service national, c’est-à-dire des conscrits au travail forcé. En effet, la Commission européenne ne voit-elle pas ce service national en Érythrée comme du travail forcé? Comment la Commission surveillera-t-elle de manière indépendante l’impact de son financement sur les droits humains, y compris les conditions de travail? Je pose ces questions à la Commission européenne afin de veiller à ce que le soutien de l’Union européenne ne contribue pas à l’utilisation du travail forcé par le gouvernement Érythréen. » 

Le 4 novembre 2019, Michèle Rivasi a déposé une question parlementaire sur le Fonds fiduciaire d’urgence utilisé dans un projet de routes en Érythrée: https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2019-003582_FR.html

Le 29 novembre, Michèle Rivasi a posé les mêmes questions en commission parlementaire « contrôle budgétaire », mais ces questions sont restées sans réponses:

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Par Michèle Rivasi

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